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Les origines du ski
Les peuplades qui campaient en montagne après les périodes glaciaires avaient à supporter des conditions d’enneigement qui leur causaient de grandes difficultés, d’où la nécessité de créer des outils pour y faire face (on a exhumé en Norvège des restes de ski datant de plus de 4000 ans)
Chaussés de planches de bois recouvertes de peaux de bêtes, les chasseurs pouvaient alors s’approcher sans bruit de leurs proies puis se mouvoir aussi vite qu’elles.
L’origine du ski est attribuée aux pays nordiques : Les premiers patins (lames associées à des courroies de cuir enserrant la chaussure) et skis datent du 18ème siècle. Ils permettaient, notamment dans les pays scandinaves, de se déplacer sur des lacs ou des rivières gelées.
Le ski pour l’armée avant de devenir un loisir
Les premiers manuels d’apprentissage du ski et de son utilisation par les militaires sont rédigés en Scandinavie au cours du XVIIIème siècle. Ce sont les Norvégiens qui importent cette technologie utilitaire en France.
En 1878, les Norvégiens sont présents à l’Exposition Universelle à Paris, et font démonstration de ces outils. La France s’émerveille, et l’on voit fleurir les premières patinoires.
La pratique est adoptée par l’armée française en 1900 afin de favoriser le contrôle de l’espace alpin à la frontière franco-italienne
En 1907, le Club alpin français prend l’initiative d’organiser le premier « concours international de ski » entre militaires français et italiens : quelques milliers de spectateurs découvrent le ski, et y voient un loisir des plus séduisants…
Le ski devient un loisir à partir de 1920
Dans les Alpes, certains commencent à adapter la pratique du ski au relief local : les skis deviennent plus courts, un système de fixation métallique apparaît pour remplacer les attaches en osier trop peu fiables sur les pentes alpines.
Les stations de première génération apparaissent : des stations de moyenne montagne spécialisées dans les cures. Elles développent, au début du 20e siècle, des concours de ski ou de pratique de montagne. Cela conduit progressivement à l’institutionnalisation des sports d’hiver, avec la Fédération française de ski (1924).
On ajoute au ski nordique l’expérience de la vitesse et des descentes : le ski alpin le détrône.
En 1936, sous l’impulsion d’un Britannique vivant en Suisse, Arnold Lunn, le Comité international olympique met le ski alpin au programme des Jeux olympiques d’hiver
La fin des années 30 marquera l’essor du ski en France, à l’aide notamment de la création de l’Ecole du Ski Français.
L’évolution des stations
Les stations traditionnelles se transforment après la seconde Guerre mondiale.
Les villages souffrent de la désertification rurale et décident de modifier leurs activités en attirant les visiteurs en tant que centres de thermalisme. Les touristes viennent également pour des activités telles que le patinage, le hockey, la luge ou encore les balades en traineaux.
Le premier téléphérique arrive en 1933 à Megève, il est réservé pour les skieurs. A cette époque, d’autres stations naissent en France : L’Alpe d’Huez, Vars, Valloire… Les premières pistes sont créées et commencent à attirer des français.
Dans les années 60, le tourisme de masse se développe dans les Alpes. Les remontées mécaniques et les logements fleurissent en altitude. Le nombre de stations passe de 50 en 1960 à 200 en 1975.
Les premiers canons à neige sont installés en 1973 à Flaine en Haute-Savoie. Durant cette période, les fabricants de ski innovent et conçoivent leurs skis avec de nouveaux matériaux comme la fibre de verre ou le polyuréthane.
Les massifs français et européens vont se couvrir de stations dans les décennies qui suivront. Les Alpes sont toujours la capitale internationale du Ski. La France à elle seule compte 30% des domaines skiables mondiaux.
Les années 90 voient l’émergence de stations, bâties sur les modèles suisse ou autrichien : elles essaient de renouer avec la tradition, avec un retour au bois, une relation plus marquée à la nature ou l’espace.
Les enjeux pour les stations de ski
Stagnation de la fréquentation des skieurs, réchauffement climatique, baisse de fréquentation l’été… les enjeux sont nombreux pour les stations de ski
Quelques chiffres :
- 120 000 emplois directs ;
- un milliard d’euros de chiffre d’affaires uniquement pour les remontées mécaniques ;
- représente 82 % du chiffre d’affaires de la montagne
- une cinquantaine de millions de touristes – dont 8 % de Français.
- les stations les plus rentables sont celles des Alpes – notamment du nord – et de Savoie.
Vendre la neige sans le ski
En 2018, plus de 72% des vacanciers venaient en stations l’hiver pour pratiquer le ski.
Malgré de nombreux atouts, la fréquentation en montagne baisse l’été depuis de nombreuses années : un dépaysement assuré à quelques kilomètres des villes, un territoire qui se prête, en toutes saisons, à beaucoup de tendances actuelles (méditation, yoga, sport fitness, contemplation, retour sur soi et sa famille, le terroir et l’authenticité…)
Passer d’une offre d’activité à une offre de destination
En été comme en hiver, les stations communiquent surtout sur les activités à pratiquer. Ski en hiver, rando et vélo en été, centres aquatiques en toutes saisons… les stations se positionnent ainsi plus en destinations de loisirs que comme des sites touristiques.
Les stations doivent envisager leur territoire comme une richesse, dépasser les limites communales, valoriser leur territoire et leurs paysages selon les attentes des clients.
Renouvellement urbain
Souvent construites entre les années 50 et 70, les stations ont trop souvent un urbanisme anarchique et peu soigné dans un environnement d’exception. Des initiatives récentes aident les propriétaires à inspirer et rénover leurs appartements. Les collectivités accompagnent également les particuliers et copropriétés vers de meilleures performances énergétiques des bâtiments.
Certaines stations travaillent aujourd’hui leur aménagement urbain avec des espaces verts, des trottoirs et du mobilier urbain… Val d’Isère, Megève et Chamonix sont exemplaires à cet effet.
Réconcilier le luxe et la population
Dans un pays où 10% des plus riches gagnent 25% du revenu total des Français, l’image des stations trop associée au luxe exclue de fait une partie de la population. La récente tendance au développement d’une offre moyen de gamme de qualité tend à ouvrir la destination à d’autres clientèles.
Réconcilier la neige et les seniors
En 2030, 30% de la population française aura plus de 60 ans. Quand on sait que les skieurs décrochent du ski vers 45 ans, il paraît urgent pour les stations de redorer l’image du ski et de la neige auprès des séniors car ils constituent une cible intéressante pour les voyages, surtout pour les périodes hors vacances scolaires.
“Disrupter” le modèle du ski
Chaque année, les charges pour les stations augmentent et ces coûts pèsent, entre autres, sur les forfaits de ski. Certaines stations pratiquent une variation du tarif entre périodes hautes et périodes basses. Dans plusieurs stations suisses, on tente de vendre plus d’abonnements annuels, avec des avantages pour les abonnés. Mais aucune station n’a encore disrupté le modèle du ski à la manière de Free Mobile ou Uber dans d’autres secteurs.
Développer la montagne en adéquation avec les codes urbains
Aujourd’hui, le tourisme urbain est en pleine croissance. Les touristes de plus en plus nombreux dans les capitales sont attirés par un art de vivre (culture locale, climat, gastronomie…), des grands musées et d’un potentiel de dépaysement… L’enjeu pour les stations de ski est de devenir des destinations qui parlent aux urbains. Nature, esthétique du paysage, cuisine healthy, modernité, artisans…
Un impact environnemental non négligeable
Selon l’étude de l’ANMSM (l’Association nationale des maires des stations de montagnes) réalisée par l’ADEME en 2010, les 10 plus importantes stations de ski françaises sont à l’origine de 800 000 tonnes de CO2 lorsque l’on prend en compte le parcours complet d’un touriste (transport, logement, activités, etc.)
L’impact environnemental ne s’arrête pas aux émissions de gaz à effet de serre : les stations de ski sont le résultat d’aménagements longuement réfléchis en vue d’assurer la sécurité et le bien-être des sportifs. Par conséquent, on note la disparition progressive de la végétation et la destruction d’habitats naturels.
Ce phénomène est renforcé par le tourisme montagne dont les passages successifs des skieurs impactent la faune, la flore et les paysages. La construction de routes, d’infrastructures, de parkings bétonnés, l’entretien des pistes et la coupe des arbres sont à l’origine de la migration forcée des animaux.
En outre, les nuisances sonores et lumineuses liées aux remontées mécaniques, aux voix humaines, aux moyens de déplacements motorisés effraient les animaux qui préfèrent quitter les lieux.
Par conséquent, les stations ont besoin de protéger la nature parce qu’on attend ça d’elles, et surtout parce qu’elles doivent protéger leur outil de travail.
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