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La tradition veut que chacun se réunisse autour
de la célèbre galette des rois
le 6 janvier, jour de l’Epiphanie.
LA GALETTE DES ROIS
1 – Les origines
Durant l’Antiquité, les Romains célébraient les Saturnales (des fêtes qui célébraient Saturne, le dieu du temps et le soleil) durant la semaine du solstice d’hiver (du 17 au 23 décembre).
Cette fête était l’occasion d’abolir toutes barrières sociales, notamment entre maîtres et esclaves. On glissait alors une fève (un haricot) dans un gâteau dont l’aspect rond et doré symbolisait le soleil. Celui qui tombait sur la fève devenait « Prince des Saturnales » et pouvait obtenir ce qu’il souhaitait pendant une journée, devenant le roi d’un jour. L’expression “tirer les rois” prend alors tout son sens.
La fève était l’un des symboles du solstice d’hiver car c’est le premier légume qui pousse au printemps. Par ailleurs, la fève donne la vie en germant, ce qui en faisait un légume très important chez les Grecs et les Romains.
A la fin du 4ème siècle, l’Église interdit ces fêtes païennes, mais les remplaça par une célébration religieuse. Dès le 5ème siècle, l’Église accorda une importance considérable à cette tradition qui se tint le jour de l’Épiphanie, soit le 6 janvier. L’Épiphanie (qui vient du grec manifestation ou apparition) est une fête chrétienne, c’est le jour où l’on commémore la visite des trois rois mages, Melchior, Gaspard et Balthazar (qui n’avaient rien de rois, c’était plutôt de sages astrologues) venus porter 3 présents à l’enfant Jésus : de la myrrhe, de l’encens et de l’or.
Ce sont des moines de Besançon qui, au 14ème siècle, afin de choisir le maître de chapitre, prirent l’habitude, à chaque Épiphanie (6 janvier), de le tirer au sort en mettant une pièce dans un pain (le pain sera rapidement remplacé par une brioche), permettant au clergé de tirer le “Roi des rois”.
La coutume prévoit que la galette soit partagée en autant de parts que de personnes présentes autour de la table, avec une portion supplémentaire. Appelée « part du Bon dieu » ou « part du pauvre », cette dernière devait être offerte à une personne dans le besoin.
Jusqu’au XVIIe siècle, à la cour du roi de France, la galette des Rois est l’occasion de désigner la reine d’un jour : la dame obtenant la fève pouvait demander une faveur au roi.
Au cours de la Révolution française, le terme de “galette des Rois” est aboli, le nom étant jugé fallacieux… mais la galette ne tarde pas à reparaître, sous le nom de “galette Égalité“ !
La galette des rois est devenue, au fil du temps, une tradition familiale. La coutume romaine qui prévoyait que le plus jeune des invités attribue les parts à chacun, caché sous la table, est toujours respectée.
2 – La fève en porcelaine
La tradition fait remonter l’usage de la fève au 8ème siècle
Les premières fèves étaient des vraies légumineuses, symboles de la fécondité. Or, la coutume prévoyait que la personne qui trouvait la fève devait payer l’addition de sa table. Ainsi, certains l’avalaient pour ne pas débourser d’argent.
Rapidement, la fève fut remplacée des pièces d’or puis par des petits objets de porcelaine à partir du XVIIIème siècle. Une légende veut que la première fève ait été une bague perdue dans la pâte de la galette que confectionnait Peau d’Ane…
En 1875 arrivent les fèves en porcelaine de Saxe puis, en 1913, celles qui sortent des ateliers de Limoge. Dans un premier temps, ces fèves représentaient des poupées ou des bébés emmaillotés, symbole de fécondité. Par la suite, on vit apparaitre des animaux et des symboles de chance (fer à cheval, trèfle…).
Quant aux fèves publicitaires, elles arrivent au début du XXe siècle, on les attribue à un certain Monsieur Lion qui a créé une fève en forme de lune où était inscrit le nom de son commerce.
Enfin, c’est en 1960 que les fèves en plastique on fait leur apparition, moins chères elles ont été de plus en plus répandues, notamment dans les galettes industrielles.
Savez-vous comment s’appellent les collectionneurs de fèves ? Ce sont des fabophiles.
3 – En France et dans le monde
En France, chaque région a sa propre pâtisserie pour célébrer cette tradition.
En Ile-de-France, la « galette des rois » à base de pâte feuilletée dorée au four et fourrée à la frangipane est la plus connue (la frangipane se compose de 2/3 de crème d’amande et 1/3 de crème pâtissière. En quittant l’Italie, Marie de Médicis, la seconde épouse d’Henri IV,se fit remettre la recette d’une crème à la poudre d’amande, élaborée par le cuisinier de son plus proche soupirant, le comte Frangipani. La recette fut adoptée par la Cour de France).
Dans le Sud de la France, il s’agit d’une brioche en forme de couronne avec des fruits confits, généralement appelée « gâteau des Rois ». Puis, on trouve aussi des gâteaux moins répandus, comme la « Pogne » au Sud-Est de la France qui est réalisée à base de pâte levée.
Dans le sud-ouest (Occitanie, Aquitaine…) on parle de Royaume ou Limoux. Dans le Loiret, elle s’appelle le “pithiviers”, la “galette comtoise” en Franche-Comté, la “nourolle” en Normandie…
Dans les autres pays européens, la tradition de la galette varie tout autant.
Par exemple, la galette des rois portugaise est composée d’une pâte briochée arrondie et creusée au centre, représentant la couronne des Rois mages. En Espagne, la « couronne des Rois » partagée pour l’épiphanie rappelle la galette briochée parfumée à la fleur d’oranger que l’on retrouve dans le Sud de la France.
Plus généralement, il est courant de retrouver la tradition de la galette des rois dans les pays où le Christianisme est présent.
Enfin, il est possible de retrouver la tradition de la galette des rois dans des pays encore plus lointains comme le Japon. En effet, la communauté chrétienne, bien que très minoritaire, y est implantée depuis la fin du XVIe siècle. Le Japon est aussi un pays très ouvert et adepte des traditions gastronomiques à l’occidentale.
Le saviez-vous ?
Tous les ans, lors de la traditionnelle réception au palais de l’Elysée (où travaille le président de la République), une énorme galette est préparée pour le chef de l’Etat et des invités.
Mais le boulanger-pâtissier chargé de la faire n’a pas le droit d’y placer de fève… car un président de la République ne peut pas être roi.
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