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PRIX DU CARBURANT

Comment se fixe le prix à la pompe ?

1 – Le pétrôle brut

Un litre de sans plomb ou de gazole est essentiellement composé de pétrole brut.

Le coût du pétrole brut dépend :
• des coûts techniques de production : ils comprennent les coûts d’exploration, de développement et d’exploitation du pétrole brut ;
• de la qualité du pétrole brut : chaque type de pétrole est classifié selon sa viscosité et sa teneur en soufre. Il est vendu dans une fourchette de prix variant de 5 à 10%
• des impôts dus à l’État hôte (l’État qui délivre les permis d’exploitation)
• de la marge du producteur : elle correspond au prix de vente du pétrole brut sur les marchés internationaux, déduction faite des coûts associés à sa production et des impôts dus à l’État hôte

Par conséquent, le prix du pétrole brut sur les marchés varie régulièrement, tant à la hausse qu’à la baisse, selon un système d’offre et de demande se jouant sur les marchés internationaux. Mais d’autres paramètres entrent également en jeu, comme la situation géopolitique, les événements climatiques, ou encore la crise sanitaire, entre autres, et sont susceptibles de faire grimper ou baisser les prix du pétrole.

Le cours du pétrole étant exprimé bien souvent en dollar, il faut le convertir en euro, selon un taux qui varie en fonction de la force de chacune des monnaies. Si l’euro est fort, le prix du pétrole va être moins cher en Europe. En revanche, si l’euro est faible par rapport au dollar, le prix du pétrole sera plus élevé pour les Européens.

2 – Le raffinage

Les carburants sont des produits raffinés du pétrole brut. Les raffineurs chauffent la matière première pour en extraire le bitume, le fioul, le supercarburant… Ces produits raffinés font eux aussi l’objet d’une cotation internationale.

Ces coûts de transformation du pétrole brut en produits pétroliers sont indépendants des cours du pétrole brut : ils ne varient pas en fonction des fluctuations des cours du baril de brut.

Les coûts du raffinage dépendent principalement de la demande des consommateurs et des capacités des raffineurs à répondre à cette demande. Par exemple, l’augmentation de la demande de certains distillats ou l’évolution des spécifications techniques de certains produits peut aboutir à une hausse du coût de raffinage.

3 – Les coûts du transport – distribution

Ils sont indépendants du prix du pétrole brut et du raffinage.

Une fois le pétrole raffiné en essence, il convient de l’acheminer de la raffinerie jusqu’aux réservoirs des voitures des automobilistes.

La marge du transport-distribution représente donc le coût de transport du produit fini jusqu’à un dépôt de carburant et le prix de revient de son stockage. Elle couvre aussi le coût du transfert du produit jusqu’à la station-service, les dépenses d’exploitation de celle-ci et la marge commerciale du distributeur de carburants. Cette marge englobe enfin les dépenses dues aux certificats d’économie d’énergie (CEE), de même qu’à la Tiruert. Cette dernière taxe est nulle à partir du moment où le distributeur de carburant a incorporé les volumes d’agrocarburants prévus par la loi.

Les marges françaises sont inférieures à la moyenne européenne en raison de la prépondérance des grandes surfaces dans la distribution de carburants

4 – La TICPE (Taxe Intérieure sur la Consommation de Produits Energétiques)

Cet impôt indirect s’applique à tous les produits pétroliers (essence, gazole, fioul, etc.).

Montant fixe perçu par litre vendu, la TICPE est constante pour une année donnée (montant inscrit dans la loi de finances). De ce fait, elle ne subit pas l’impact des fluctuations des prix du brut et des coûts de raffinage et de distribution.

La loi de finances pour 2017 a introduit, pour la région Île-de-France, une majoration des tarifs de la TICPE de 1,02 € par hectolitre pour les supercarburants et de 1,89 € par hectolitre pour le gazole pour « financer le développement des transports en commun durables ».

Depuis le 1er avril 2014, une contribution climat-énergié (CCE) est intégrée dans la TICPE. Elle s’élève à 44,6 € par tonne de CO2 émise en 2018 et à 55 €/t CO2 en 2019.

 

5 – La TVA

Le taux normal de 20 % de TVA s’applique aux produits pétroliers.

La TVA frappe aussi bien le coût du produit que le montant de TICPE. Un litre de carburant fait donc l’objet d’une double taxation de TVA, l’assiette n’étant pas la même.

Des taux de TVA réduits sont prévus pour bien des personnes utilisant les carburants routiers dans le cadre de leur profession : pour ceux qui circulent avec un véhicule utilitaire, 100 % de la TVA est récupérable. Concernant les utilisateurs de véhicules de tourisme, 80 % du montant de la TVA peut être remboursé.

Selon les données de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), la TVA sur produit représente 0,20 € sur un litre de gazole à 1,98 €. La TVA sur taxe est pour sa part équivalente à 0,12 €.

Toujours selon l’Ufip, avec un litre de gazole à un tel tarif au 18 mars 2022, le montant des taxes à payer est de 47,30 % du prix total. Sur un litre de sans-plomb à 1,97 €, 51,70 % du montant est le fait de taxes.

En toute logique, plus le prix du pétrole brut est faible et plus le poids des taxes est élevé tandis que la logique s’inverse lorsque les cours du baril flambent.

 

LES ENJEUX

Stabilité des cours et aléas géopolitiques

Le contexte géopolitique parfois incertain des pays exportateurs peut avoir un impact déstabilisateur sur l’offre et le prix du pétrole brut. Les cours du brut peuvent varier rapidement en fonction d’événements politiques et économiques, notamment lorsqu’un conflit implique un pays producteur de pétrole.
La production de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) assure à elle seule 42,6% de la production mondiale en 2017. Dans le passé, les capacités de production excédentaire de l’organisation permettaient d’absorber les chocs (de demande ou d’offre) et de limiter les fluctuations du prix du brut en répondant en temps réel aux besoins des pays consommateurs.
Les imprévus d’ordre géopolitique, climatique ou technique peuvent provoquer des variations soudaines des prix du brut. Par exemple, les révoltes de 2011 dans le monde arabe avaient notamment entraîner une forte hausse des cours de presque 30% en quatre mois

Politique environnementale et taxes

En France, des mesures politiques visent à réduire la consommation de combustibles fossiles et à développer les énergies renouvelables afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Alors que la fiscalité pétrolière est une source importante de revenus pour l’État, peuvent se poser des questions cruciales : quel sera l’arbitrage de l’État entre la mise en place d’une politique énergétique en faveur des énergies renouvelables et la diminution des revenus résultant d’une baisse de consommation des énergies fossiles ?

OPERATION “PRIX COUTANT” – SEPTEMBRE 2023

Lorsqu’il y a une opération de vente de carburant à prix coûtant, c’est la marge opérée par les distributeurs qui est retirée de l’addition finale.

Le carburant vendu lors des opérations carburant à prix coûtant « est strictement le même carburant qu’habituellement »

Il est difficile pour autant de connaître l’impact quotidien d’une telle campagne sur le prix global à la pompe puisque les tarifs sont fixés au jour le jour en fonction de trois paramètres cités plus haut : les prix des produits pétroliers sur le marché international, la parité euro-dollar et les frais d’acheminement.

« Pour un supermarché, le carburant est un produit d’appel, donc les marges nettes que l’on génère sont minimes, de l’ordre de 2 à 3 centimes par litre, note un porte-parole de Système U. Donc, quand on fait une opération à prix coûtant, pour un plein de 50 litres, l’économie n’est que d’un peu plus d’un euro… »

 

 

 

       
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